Depuis plusieurs dĂ©cennies, le semiâmarathon sâest imposĂ© comme lâune des distances phares de la course sur route. Assez long pour reprĂ©senter un vĂ©ritable dĂ©fi đȘ, mais plus accessible quâun marathon, il sĂ©duit aussi bien les coureurs expĂ©rimentĂ©s que les amateurs en quĂȘte de progression đ. Pourtant, la distance prĂ©cise de 21,0975 km ne doit rien au hasard. Zoom sur lâorigine de cette course mythique et son Ă©volution au fil du temps đ.
Contrairement Ă son grand frĂšre, le marathon, dont lâorigine remonte Ă un Ă©pisode historique de la GrĂšce antique đŹđ·, le semi-marathon nâest pas nĂ© dâun grand rĂ©cit de la mythologie ou dâun moment fondateur de lâhistoire. Il sâest plutĂŽt imposĂ© petit Ă petit, portĂ© par lâĂ©volution des pratiques sportives du XXe siĂšcle et les envies des coureurs đ.
DĂšs les annĂ©es 1950, alors que la course sur route gagne en popularitĂ© en Europe đ, on voit apparaĂźtre de nombreuses Ă©preuves de 20 Ă 25 kilomĂštres. Rien nâest encore standardisĂ© : les distances varient dâune ville Ă lâautre đïž, selon les parcours, les moyens logistiques ou les habitudes locales. Mais une forme de consensus se dessine peu Ă peu đ€.
En 1962, la Route du Vin, au Luxembourg đ±đș, fixe pour la premiĂšre fois la distance de 21,097 kilomĂštres. Deux ans plus tard, Elche, en Espagne đȘđž, organise une Ă©preuve sur la mĂȘme distance, aujourdâhui considĂ©rĂ©e comme le plus ancien semiâmarathon encore disputĂ© âł.
Au mĂȘme moment, de lâautre cĂŽtĂ© de lâAtlantique đ, un mouvement prend forme. La pratique du jogging, lancĂ©e aux Ătats-Unis đșđž, commence Ă sĂ©duire un public plus large. Des coureurs amateurs, souvent sans expĂ©rience en compĂ©tition, cherchent Ă se fixer un objectif motivant đŻ, sans pour autant sâengager directement sur un marathon. Le besoin dâune distance âĂ mi-cheminâ devient Ă©vident : un effort significatif, mais plus accessible et compatible avec la vie quotidienne đ.
En Europe aussi, lâidĂ©e fait son chemin. En 1979, la premiĂšre Ă©dition des 20 kilomĂštres de Paris rassemble dĂ©jĂ 8 000 participants đœ. Dâautres rendez-vous emblĂ©matiques voient le jour Ă la mĂȘme Ă©poque : Paris-Versailles en 1976, Marseille-Cassis en 1979⊠Des courses emblĂ©matiques qui contribuent Ă ancrer cette âdemi-distanceâ dans le paysage, sans toujours coller exactement aux 21,097 km, mais qui prĂ©parent le terrain pour la reconnaissance du semi-marathon comme format Ă part entiĂšre đ.
Dans les annĂ©es 1980, la perception de la course Ă pied continue dâĂ©voluer. Le sport nâest plus rĂ©servĂ© aux seuls athlĂštes de haut niveau đ . Il devient un loisir, une discipline de bien-ĂȘtre, une quĂȘte personnelle âš. Le semi-marathon sâinscrit parfaitement dans cet esprit. Il demande de lâendurance, un entraĂźnement structurĂ©, mais reste accessible avec un mode de vie Ă©quilibrĂ© âïž. Il peut se prĂ©parer en quelques mois đ, trouve facilement sa place dans un emploi du temps chargĂ©, et peut ĂȘtre couru plusieurs fois par an sans risque de blessure đ©Œ. Un Ă©quilibre idĂ©al, qui explique en grande partie son succĂšs durable đ.
Câest cette adĂ©quation entre effort et accessibilitĂ©, qui en fait aujourdâhui une distance si populaire. Le semi-marathon ne repose pas sur une lĂ©gende antique. Il est nĂ© directement sur les routes, dans les clubs, et dans le dĂ©sir partagĂ© de repousser ses limites đ.
Pourquoi 21,0975 kilomĂštres, et non 20, 22 ou 25 ? La rĂ©ponse se trouve dans lâhistoire mĂȘme du marathon. En 1921, la distance de 42,195 kilomĂštres est officialisĂ©e â , devenant la rĂ©fĂ©rence. Il Ă©tait alors naturel, pour les coureurs comme pour les organisateurs, dâimaginer un format âmoitiĂ©â alignĂ© avec prĂ©cision đ.
Diviser un marathon par deux donne donc 21,0975 km. Ce chiffre, Ă premiĂšre vue un peu technique, peut sembler excessif. Pourtant, dans lâunivers de la course Ă pied, chaque mĂštre compte đ. Standardiser cette distance permet de comparer les performances, dâhomologuer des records et de garantir lâĂ©quitĂ© lors des compĂ©titions internationales đ. Pour accompagner cette exigence, World Athletics a mis en place un systĂšme de labels, incitant les organisateurs Ă se professionnaliser đ ïž. Les Ă©preuves labellisĂ©es doivent rĂ©pondre Ă des critĂšres stricts, notamment un mesurage ultra-prĂ©cis des parcours đŻ.
Il faut attendre les annĂ©es 1990 pour que le semiâmarathon soit pleinement reconnu par la fĂ©dĂ©ration internationale dâathlĂ©tisme đ. Des championnats du monde sont organisĂ©s dĂšs 1992, et les records commencent Ă ĂȘtre homologuĂ©s avec la mĂȘme rigueur que ceux du marathon đ.
Le semi-marathon nâest plus seulement une Ă©tape vers le marathon. Il est devenu une destination en soi đșïž, une course avec sa propre identitĂ©, lâune des distances les plus populaires au monde. Des rues pavĂ©es de Paris đŒ aux grandes avenues de New York đœ, en passant par Berlin đ©đȘ ou Valence đȘđž, des dizaines de milliers de coureurs sâĂ©lancent chaque annĂ©e pour franchir cette fameuse ligne des 21,0975 kilomĂštres đ.
Ce succĂšs sâexplique par un Ă©quilibre presque parfait âïž. Il exige une vraie prĂ©paration, bien plus quâun 10 km, mais reste accessible pour un large public. Il attire tous les profils : du coureur dĂ©butant en quĂȘte de dĂ©fi au compĂ©titeur aguerri en quĂȘte de performance đ.
CĂŽtĂ© Ă©lite, le semi-marathon est devenu un terrain dâexcellence đ. Les chronos donnent le vertige : 56'42 pour lâOugandais Jacob Kiplimo đșđŹ, 1h02'52 pour lâĂthiopienne Letesenbet Gidey đȘđč.
Mais au-delĂ des performances, le semi-marathon est aussi une expĂ©rience collective đ„ł. Câest souvent un Ă©vĂ©nement festif, oĂč lâeffort individuel se mĂȘle Ă une ambiance populaire đș. Pour certains, câest lâoccasion de dĂ©couvrir une ville autrement đ§. Pour dâautres, de franchir une Ă©tape symbolique ou de vivre un moment de dĂ©passement de soi đ„. Le Semi de Paris accueille prĂšs de 50 000 coureurs chaque annĂ©e, tandis que le Göteborgsvarvet, semi-marathon de Göteborg en SuĂšde đžđȘ, rassemble prĂšs de 64 000, ce qui en fait le plus grand semi du monde đ.
La popularitĂ© de cette distance reflĂšte aussi lâĂ©volution des attentes sportives modernes đ. On cherche aujourdâhui un Ă©quilibre entre performance, plaisir et bien-ĂȘtre đż. Le semi coche toutes ces cases. Il demande de la rigueur, mais reste Ă la portĂ©e de beaucoup. Il pousse Ă se dĂ©passer sans basculer dans lâextrĂȘme. Et surtout, il rassemble : sur une mĂȘme ligne de dĂ©part, on retrouve ceux qui visent 1h â±ïž, comme ceux qui rĂȘvent de franchir la ligne en 2h30 âł.
Issu du marathon mais façonnĂ© par les temps modernes, le semi-marathon sâest affirmĂ© comme une distance Ă part entiĂšre. Sa prĂ©cision, 21,0975 km, reflĂšte son hĂ©ritage du marathon et sa rigueur đ, tout en sâadaptant aux rĂ©alitĂ©s de la pratique contemporaine. Ni simple test, ni version Ă©dulcorĂ©e du marathon, il est aujourdâhui synonyme de progression, dâaccomplissement et de fortes Ă©motions sur la ligne dâarrivĂ©e â€ïž. Il continue dâĂ©voluer, au rythme de celles et ceux qui, chaque week-end, enfilent un dossard pour se mesurer Ă eux-mĂȘmes sur les 21,0975 km đœ.
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